Plus que jamais avec la crise sanitaire, l’économie est scrutée sous tous les angles : taux de croissance, trésorerie des entreprises, taux de chômage, taux d’intérêt…

D’après les premières observations, les entreprises innovantes ont mieux résisté que les autres et les entreprises du numérique ont tiré leur épingle du jeu et sortent souvent renforcées.

Cela reste des observations factuelles mais aucune étude n’avait été réalisée pour mesurer l’impact de cette crise sur le processus d’innovation dans les PME. Et plus généralement, il n’y avait pas d’étude pour comprendre comment les entreprises françaises avaient passé cette période difficile. Ont-elles lancé de nouveaux projets ou au contraire se sont-elles concentrées sur leur cœur d’activité ? Pour le savoir, nous avons mené en novembre 2021 une enquête* avec OpinionWay auprès de 400 dirigeants de PME (entreprises de moins de 250 salariés). Dans cet article, nous vous dévoilons les principaux enseignements de l’étude. Des enseignements que vous pouvez aussi retrouver dans l’interview donnée à Europe 1 par notre CTO, Simon Creuchet.

Comment le niveau d’innovation a-t-il évolué avec la crise ?

Avant de détailler les résultats de l’étude, il convient d’expliquer ce qu’on entend par innovation. On retient ici la définition de l’Insee qui s’articule autour de 3 axes :

  • Le fait de développer de nouveaux produits
  • Le fait de mettre en place des nouveaux procédés ou de nouvelles méthodes de production.
  • Le fait de mener une activité de recherche et développement (R&D).

Maintenant que le cadre est posé, c’est le moment de révéler le premier grand enseignement de notre étude : le niveau d’innovation dans les PME françaises a été très peu impacté par la crise du Covid. En effet, aujourd’hui, une entreprise sur trois est engagée dans un processus d’innovation. C’est, à peu de chose près, le niveau observé avant la crise (source : étude Insee réalisée entre 2016 et 2018). Pas étonnant donc que 62% des dirigeants de notre enquête déclarent que la pandémie n’a pas eu d’effet sur l’innovation dans leur entreprise. 14% des dirigeants ont même reconnu avoir lancé un projet d’innovation en pleine crise.

Innovation industrie

Évidemment les différents secteurs de l’économie ne sont pas tous logés à la même enseigne. Certains ont pu s’adapter plus facilement. Deux secteurs sortent du lot en matière d’innovation, il s’agit tout d’abord de l’industrie avec 55% des entreprises qui sont engagées dans un projet d’innovation. L’industrie française qui, pour faire face à des problématiques de coût et de marge, a besoin d’innover pour maintenir un apport de valeur ajoutée.

Ensuite à la 2e place de podium des secteurs les plus innovants, on retrouve les métiers de l’informatique avec 54% d’entreprises innovantes. Le numérique a profité de la mutation de l’économie pendant la crise avec le recours au digital et l’adoption de nouveaux outils notamment dans le cadre du télétravail.

Enfin parmi les secteurs qui innovent le moins on retrouve l’immobilier et le BTP, des secteurs plus traditionnels qui ont peut-être moins eu besoin d’évoluer.

Comment l’innovation est-elle réalisée ?

L’arrivée de la COVID-19 en mars 2020 est venue bouleverser les perspectives et les stratégies de nombreuses entreprises. Dans un contexte sanitaire et économique incertain, l’innovation peut représenter un risque mais aussi une opportunité : 84% des chefs d’entreprise considèrent ainsi qu’être innovant est d’autant plus important en période de crise. C’est pourquoi certaines PME ont profité d’une activité au ralenti pour lancer de nouveaux chantiers ou ressortir des cartons des projets qui n’avaient pas été approfondis.

Recrutement entreprise innovante

Et lorsqu’un projet d’innovation est lancé, il est le plus souvent réalisé entièrement en interne. En effet, 56% des PME innovantes s’appuient exclusivement sur les compétences de leurs salariés tandis que 26% d’entre elles vont également chercher un peu d’aide extérieure. Enfin 18% des PME confient tout le développement de leur projet à un prestataire.

Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi les entreprises innovantes recrutent plus que les autres et c’est là le deuxième grand enseignement de notre étude. Depuis la crise du COVID, 45% des PME innovantes déclarent avoir embauché de nouveaux collaborateurs alors que sur la même période, la moyenne française est à 38%. Parmi les profils les plus sollicités, on retrouve d’abord les ouvriers et les employés non-cadres, viennent ensuite les profils commerciaux et les ingénieurs et techniciens supérieurs.

Comment l’innovation est-elle financée ?

Lancer de nouveaux projets et recruter pour ce faire, c’est une chose mais encore faut-il en avoir les moyens !

Financement des innovationsOn s’est donc intéressé au financement de l’innovation. Et là encore ça se passe en interne. En effet, les PME s’appuient avant tout sur l’auto-financement (71%). Et lorsqu’elles sollicitent une aide extérieure, elles se tournent d’abord vers les prêts bancaires. Bien souvent, elles délaissent les aides publiques justement mises en place pour soutenir l’innovation des entreprises. La preuve, 84% des sociétés n’ont jamais entrepris ces démarches.

Et notre étude révèle une situation paradoxale. Si les dirigeants boudent les aides à l’innovation, 67% estiment pourtant que l’État ne favorise pas assez l’innovation des entreprises et 65% que l’Etat ne soutient pas toutes les formes d’innovation.

Les entreprises qui n’ont pas recours à ces aides évoquent différents freins. 47% des dirigeants avancent un manque de ressources internes. Cela peut signifier un manque de temps, de personnel à affecter à ces démarches ou un manque d’expertise sur des démarches jugées complexes.

Une autre grande explication ressort : la méconnaissance de ces dispositifs. Chacune de ces aides (crédits d’impôt, appels à projets nationaux, aides des conseils régionaux, aides BPI France) sont connues par moins d’un dirigeant sur deux. Mention spéciale pour le crédit impôt innovation (CII), le traditionnel grand oublié. Seulement 1% des dirigeants en ont déjà fait la demande.

Un triste constat quand on sait que le CII est justement l’aide à l’innovation la plus accessible pour une PME. Pour l’obtenir, il faut développer un produit (ou un logiciel) à destination du marché qui apporte un élément de nouveauté par rapport à la concurrence (en terme technique, de fonctionnalité, d’ergonomie ou d’éco-conception). Des critères qui correspondent à de nombreuses entreprises. Pourtant on estime qu’elles sont plus de 100 000 à passer à côté de ce dispositif chaque année. Bien dommage car le CII rapporte en moyenne 30 000 euros par an.

Vous souhaitez savoir si le CII vous concerne et évaluer les sommes en jeu ? Il vous suffit de faire le test d’éligibilité gratuit en ligne :

Simulateur CII

Résultat, les entreprises ne sollicitent pas les aides à leur disposition et peinent souvent à financer leurs projets d’innovation. 37% indiquent avoir rencontré des difficultés budgétaires pour boucler ces projets et le plus souvent elles parlent de « difficultés majeures ».

Conclusion

Parmi les grands enseignements de cette étude, on retient notamment que :

  • 1/3 des entreprises françaises sont aujourd’hui engagées dans un processus d’innovation ce qui correspond au niveau d’avant crise.
  • Les entreprises innovantes ont plus recruté depuis mars 2020 que les autres entreprises et les ouvriers ont été les profils les plus recrutés.
  • Les entreprises autofinancent principalement leurs innovations et délaissent les aides publiques. Pourtant, elles jugent l’action de l’État insuffisante en la matière.

Pour retrouver les résultats complets de l’étude (en fonction de la taille des entreprises, des secteurs ou des régions), c’est ici !

CTE étude innovation PME

* Cette étude a été réalisée en novembre 2021 en collaboration avec OpinionWay auprès d’un échantillon de 400 dirigeants d’entreprises de 1 à 249 salariés, représentatif du tissu économique français et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de taille d’entreprise, de secteur d’activité et de région d’implantation.